6_sous la peau

Cette douleur qui s'insinue comme une lame,
Je refuse que quiconque voie mes larmes.
Ta peau, ta chaleur, ta voix et ton corps...
Une caresse sur ton visage qui s'endort.

Cette vérité comme l'acide me ronge,
En silence j'en saigne jusque dans mes songes. 
La faux...Ton odeur...La croix...et mon sort...
Je te souris ; même menée à la mort. 

Cette fin inéluctable à réfuter...
Je ne veux pas regarder...trébucher ! 
Te respirer même pour quelques instants...
Je te chéris ; même laissée pour errant.

Graver, scarifier... dans ma chaire blessée...
Tes gestes, tes mots qui m'ont ensoleillée.
À chaque fois que tu m’as abandonnées,
J'ai imprimé toutes tes jolies couleurs
J'ai humé toutes tes ineffables lueurs.
Tes gestes, tes postures et surtout ton rire,
Pour ne jamais oublier...à en dépérir.

5_Ce coeur

Idiot de coeur ! Tu peux l'avoir ici dans ton lit,
Cette femme que tu désires et sans rien mériter...
Idiot de coeur ! Juste ne l'auras jamais les nuits.
Pas de contraintes, de famille ou de discussions.

Idiot de coeur ! Ce serrait tellement plus simple !
Pourquoi refuses de me laisser m'en satisfaire ?
Idiot de coeur ! Tu vas nous perdre tous les deux !
Pourquoi cette obstination déraisonnable ?!

Idiot de coeur ! Tu me l'avais pourtant promis...
Ne plus t'attacher et surtout jamais aimer !
Idiot de coeur !À quoi tu sers dans ma vie ?!
On pourrait pourtant éviter toutes les prisons...


Idiot de coeur ! Comme un papillon elle t'épingle !
Elle ne va jamais joindre ton imaginaire...
Idiot de coeur ! T'entêtes à nous rendre malheureux !
Pourquoi ? Amour inconditionnel détestable ?!


Je te hais. Je la hais. Je me hais. Pourtant si...
Je n'arrive plus à m'en passer ou rejeter...
Elle est à la fois inondation de magie,
Imbécile ! ... à la fois souffrance et abandon...

4_Supplice

Ma torture...de te savoir avec elle,
Mon chagrin...ces nuits froides toujours seule.
Mon désespoir...coincée en sens unique,
Déchirure...instant volés éphémères...

De savoir que je suis l'autre pour elle,
D'affronter ce lit vide comme un linceul.
Regarder mon reflet ; cet air cynique,
Fissure... manque de cet amour délétère...

Ma douleur...d'être juste de passage,
Mon regret...m'être ainsi laissée lier.
Désolation...désert hostile glacé,
Brisée...par ce vide qui me dévore...

Ce ne serra pas moi le présage...
Avancer...encore...bête blessée.
Damnation...mon âme de tes serres broyée,
Je te sens dans ma chaire et t'implore...

3_L'Innommable

C'est impensable ! Innommable !
Qu'un seul être puisse en un battement d'aile
Vous briser ou vous griser.

Inacceptable ! Inenvisageable... ? !
Que puisse cette douce, tendre et frêle
Vous broyer ou vous élever.

Impardonnable ! Improbable...
Que puisse venir uniquement d'Elle
De n'être ou pas aimé...

2_Fantôme

Tu m 'as enchaînée sans liens,
Envoûtée sans honnête dessin.
La langue pendante comme un chien,
Je suis tes pas et conditions sans frein.

Ton absence un douloureux supplice,
Ta présence pourtant un tel délice.
Tes promesses et tes caresses,
Autant d'armes de Déesse. 

Je ronge lentement le lien,
Qui lie mon chemin au tien.
En souffre seule dans mes ténèbres,
Hantée par la brise de tes lèvres.

1_Brumes

Rejettes moi...
Ainsi je cesse de soupirer après toi.
Détruis moi...
Ainsi je cesse de suffoquer après toi.

Cette mélancolie à sens unique
N'a rien de bucolique.
Ce long et insupportable supplice
S'étiole aux sombres auspices.

Ce fut un doux rêve.
Une inespérée trêve.
Une accalmie dans l'océan.
Avant de replonger dans le néant.

Livre 1 - La tour des mages. deuxième partie : capharnaum


DEUXIEME PARTIE



CAPHARNAÜM



Le hall d’entrée de la tour des mages était petit mais donnait une impression de grand (sans doute à cause du plafond dont on n’arrivait pas vraiment à voir le fond), froid et décoré comme si une armée d’artistes de toutes époques s’étaient  livré bataille pour s’accaparer le moindre centimètre carré.

Les décorations…

Ça n’en finissait pas. Où que Eddy pose les yeux il en débordait. Des bannières étirées aux couleurs vives (avec des lettres inconnues) , des bustes en bois et en bronze (de personnes dont il n’avait jamais entendu parler), des moulures rococo, des gargouilles (du moins Eddy espérait que c’en étaient bien…) , des fresques, des rideaux avec des étoiles, une vieille armure ( en espérant que ce n’était pas un gisant mis debout avec encore le squelette dedans), des balais (avec des poids au bout ?), …

 Eddy eut un haut le cœur tant c’était rempli jusqu’à l’écœurement.



Alors que la lourde porte se refermait derrière lui, une avalanche de  messages sembla prête à l’ensevelir mais eu lieu de l’enterrer pour de bon ils se contentèrent de repartir en tous sens dans la pièce.

C’est là que le regard d’Eddy se figea sur un napperon.  Un napperon dans une tour de mage ? Après quelques secondes ce n’était plus vraiment le napperon la chose la plus étrange ici… mais la propriétaire de celui-ci.



Miss Mingerton.

Miss Mingerton c’était avant tout deux fines pupilles de prédateur qui vous regardaient droit au fond de votre âme (surtout si vous êtes en train de les fixer…) avec un front aussi renfrogné qu’un versant de montagne séculaire ( pour vous informer des humeurs à y associer autant se fier au  nivellement des plis).

Un nez aussi crochu et pointu que celui qu’aurait un rapace en représentation pour un jeu de fléchette. Des oreilles acérées auxquelles venaient se raccrocher une fine monture dorée qui reposait ensuite délicatement sur l’arête du nez pour présenter deux fins ronds de lunettes.

Un menton sévère  rehaussé d’une fine bouche (cachant des dents ou des crocs… personne n’aurait su le dire puisqu’elle ne souriait jamais). Pour parachever le tout, des rides de part et d’autre de la bouche telles des tentures aux fenêtres et de fins cheveux remontés en chignon.



Pour tout dire ; Eddy se demandait si il était ou non en présence d’un gobelin (ou la bienséance imposait-elle de dire une gobelin ? C’était quoi le féminin de gobelin ?).



Monsieur Pikurdent ferma la porte à clef et toussota (Eddy en avait oublié qu’il était là).

-Si vous permettez que je vous conduise près de Miss Mingerton pour qu’elle vous note  dans le registre.

Dans ce genre d’invitation il n’y avait pas vraiment de place pour un refus… toutefois Eddy préférait largement ça à des ordres aboyés.



Miss Mingerton (qui n’avait pas cessé de les fixer depuis l’entrée d’Eddy tout en continuant à écrire dans le registre), attendit qu’ils soient tous les deux arrivés au bas de l’estrade avant de poser sa plume et de se redresser sur sa chaise.

Ce qui inquiétait le plus Eddy dans cette situation c’était de voir que Pikurdent – qui était pourtant un MAGE – semblait trépigner sur des charbons ardents.

-« Je vous écoute messieurs » Une voix entre celle de  l’institutrice et d’un chef de police vous informait de suite qu’il valait mieux filer doux.

-Pikurdent déglutit « Et bien, Miss Mingerton, voici Monsieur Eddy. Vous devriez avoir reçu notre rapport sur lui ce matin. Il est venu de lui-même se présenter chez nous. »

-Deux mains bleuies par de larges veines et terminées par de fins ongles soignés se rassemblèrent comme deux grosses araignées réunissant leurs pattes. « Vraiment ? »

-Eddy ne savait trop que répondre « Euh…. »

-Pikurdent donna un coup de coude à Eddy «  Mais oui ! Comme tout vrai gentleman devrait le faire. Il est venu en frappant bien poliment à la porte ! Ca ne devrait-il pas en faire notre hôte Miss Mingerton ? » Il fit un clin d’œil encourageant à Eddy.

-Miss Mingerton reporta son attention sur Pikurdent qui glappit (Couiiiiiiic…) « Dites donc Monsieur PIKURDENT, ne deviez-vous  pas être en train – par hasard – d’aller remettre la clef au crochet pour le suivant tour de garde ? »

-Pikurdent blêmit « Si, si ; j’y allais de ce pas ».

-Miss Mingerton se racla la gorge « En déposant aux cuisines cette tartine de sardines au beurre de cacahuètes que vous n’avez bien entendu pas chipée hors des heures de repas. »

-Une goutte de sueur perla  en slalomant entre les touffes de cheveux de Pikurdent. « Il va sans dire Miss Mingerton ! Une bonne fin de soirée à vous Miss Mingerton. »



Eddy se retrouvait seul devant un regard sévère.

Les minutes s’écoulèrent… tout comme les piles de papiers. Miss Mingerton soupira puis tendit un document à Eddy.

-« Voici votre dossier. Vous y trouverez dans le coin supérieur droit votre numéro. J’ai fait appeler un mage du service de nuit pour vous montrer votre chambre en attendant que tout soit validé. »

-« Euh… »

-« D’ordinaire la réponse attendue et souhaitée est « merci » ; j’espère que vous vous rendez compte du travail que ça représente d’annuler un avis de recherche de type IM18 impliquant le retrait de toutes les affiches pour le remplacer par un dossier d’induction avec test de type HP01 » Miss Mingerton fixait Eddy avec une légère moue froissée.

-« Euh… Merci ! Oui ; merci mille fois Miss Mingerton. » Eddy ne comprenait pas vraiment  tout mais quelque chose lui soufflait au fond de son crâne que d’une manière ou d’une autre il l’avait échappé belle.

-« Bien. »

-« Miss Mingerton »… Eddy hésitait

-« Oui ? »

-« Je ne sais si c’est impoli ou pas de demander mais… êtes-vous un gobelin ? »

-Miss Mingerton reprit sa plume et reporta son attention sur ses dossiers. Au bout de quelques paraphes – qui semblèrent durer une biographie entière – celle-ci eut dans son regard une lueur amusée d’un chat devant une souris

« Ceci changerait-il quoi que ce soit au fait que vous deviez attendre que votre dossier soit traité ? »

-« Euh… »

-« Alors allez donc vous asseoir et cessez de poser des questions inutiles. »





 



Miss Mingerton était arrivée un jour de pluie à la tour des mages.

Comme toujours lorsqu’il pleuvait c’était le branle-bas de combat chez les mages qui partaient en tous sens pour tenter de s’organiser afin d’éponger les archives, calmer et traiter les uns, faire des reproches aux autres, vérifier que les rondes étaient effectuées ailleurs que sur le porche, protéger les œuvres, mettre des récipients en tous genre là où l’usure et le temps avaient eu raison de la bâtisse, calmer les courriers avions papiers,…

Bref… autant dire que c’était comme un carnaval costumé de gens paniqués qui jetaient tout en tous sens en faisant grands gestes et bruits avec des casseroles, des sorts et des bibelots plus ou moins magiques.

Miss Mingerton avait frappé à la porte, armée d’un austère parapluie noire et d’une sacoche en cuir couleur aubergine.

Personne ne frappait à la porte de la tour des mages à cette époque… le dernier à avoir voulu fuir la pièce alla ouvrir.

Miss Mingerton déclara que cet endroit avait besoin d’une secrétaire d’intendance. Elle secoua son parapluie qu’elle adossa à la cheminée près du pupitre des déclarations officielles et s’y installa.

Personne ne trouva quoi que ce soit à dire… sauf Miss Mingerton qui sur le champs demanda un inventaire des entretiens du bâtiment en souffrance, la liste d’une équipe volontaire pour colmater temporairement les fuites, d’une équipe de volontaires pour éponger, d’une équipe pour sécher ce qui avait souffert de la pluie, d’une équipe pour ranger tout ce qui avait été mis sens dessus dessous  et enfin un responsable avec qui discuter de ses conditions d’emploi.



C’est ainsi que Mr le Préfet instaura le poste jusqu’alors inconnu de « secrétaire d’intendance ».

Etant donné que dans toute l’histoire de la tour des mages il n’y avait pas eu de précédent on ne savait pas vraiment où se situait ce poste point de vue hiérarchie…mais personne – pas même Mr le Préfet – n’osa discuter de ce point avec Miss Mingerton ; il était tout simplement logique de répondre « oui Miss Mingerton ; tout de suite Miss Mingerton » lorsque celle-ci vous donnait un ordre.

La suite de pièces qui s’enroulaient autour du hall de la tour des mages formaient un demi-cercle qui communiquait directement avec l’accès au pupitre des déclarations officielles.  Celles-ci lui furent donc tout naturellement attribuées – et aménagées en suivant ses directives - autant pour son confort que pour celui des mages.

Depuis son arrivée, Miss Mingerton n’avait jamais quitté la zone comprise entre ses appartements et le hall. Tout individu vivant à la tour des mages savait que traverser cette zone c’était entrer sur le territoire de Miss Mingerton. Ce n’était jamais Miss Mingerton qui qui se déplaçait dans les bâtiments des mages (Grands Dieux ! C’eut été la panique ! ) mais les personnes appelées qui se présentaient devant elle (confort tacite et mutuellement partagé).





 



Eddy se sentait glisser vers le sommeil comme on se sent glisser en bas d’une pile de sable qui se ramolli sous la chaleur ; il offrait en fait le spectacle moins poétique d’un amas de lambeaux puants rehaussé d’une touffe de cheveux trempés parsemés de bris de verre auxquels on aurait glissé deux touches de couleurs qui glissait comme une limace sur une vitre trempée.

Un mage en tenue de chambre – on reconnait toujours un mage – se dirigea vers Eddy juste avant que celui-ci  n’atteigne le sol…

Le timing est parfois crucial… d’autres fois juste cruellement embarrassant.



La lumière crachotait à travers les cils humides de Eddy. Le temps qu’il comprenne que le  tissu en satin léger parsemé d’étoiles qu’il était en train de regarder se trouvait être le revers de la tenue de chambre du mage, il était trop tard pour nier l’avoir regardé…

Le crissement de la plume de Miss Mingerton prenait place en un joli solo de grain A3 depuis plusieurs secondes (mais ces secondes-là valaient pour des minutes dans le cerveau paniqué de Eddy) lorsque celui-ci toussota.

 « Ah ! Je vois que vous admirez ma jambe de bois ! »

Trop heureux de pouvoir se raccrocher à quelque chose (enfin le sujet n’est-ce pas … pas la jambe de bois) Eddy sourit « Euh….Oh ! J’avoue que ça a l’air d’être un bel ouvrage ….Vous l’avez fait faire sur mesure ? » (c’était le mieux qu’il avait pu trouver en si peu de temps ).





 




Eddy était dans la salle de réunion des mages  - entendez par là la salle de cantine – avec son dossier sous le bras.

C’est fou comme une paire de chaussures – en l’occurrence une paire qui se composait de deux éléments qui n’avaient en commun que leur taille – pouvait d’un coup occuper toute votre pensée quand le reste semblait vous échapper.



La chambre de Eddy avait une trappe.  Pas une trappe comme dans les dongeons avec un piège… juste une trappe avec un panneau mode d’emploi… « Appuyez si vous constatez quelque chose d’anormal sous le lit » …

Qu’est-ce qu’il peut donc y avoir d’anormal sous le lit ?!!!

Eddy en était là dans son stade de réflexion quand le mage Majambdort était venu le prier de se rendre à la salle de réunions des  mages.



Il devait avoir un test à 9h01… il était 8h01… personne ne lui avait dit quoi faire entre temps.



Le mage Mr Pikurdent se dirigea vers lui en souriant – Grands Dieux ! Au moins le bout d’os de dinde qui jouait au pendule sur du persil  avait disparu ! – « Ah ! Eddy ! Vous vous joignez à nous pour le petit déjeuner ! »



Entre l’admiration et l’horreur Eddy s’aventura…

« Et…Euh… c’est quoi exactement votre petit déjeuner ?... »

Mr Pikurdent bomba le torse – c’est-à-dire qu’un mage aux cheveux disparates et aux yeux globuleux tenta de gonfler ses poumons comme une rosse rachitique en phase terminale d’un cancer du poumon -  «  je vous présente le banana split-chorizo ! »

Perplexe, Eddy avança un  « ah … ça a  l’air…. Spéciale ! … ? »

Mr Pikurdent que rien ne pouvait démonter- sauf peut-être  un ordre de Miss Mingerton… et à la réflexion les sourcils de Mr Bristol… sans doute aussi le regard incendiaire de Mr le Préfet à bien y réfléchir… -  fit le plus charmant des sourires à Eddy.

« Bah en faites… Eddy – je peux vous appeler Eddy ? – nous les mages on a pas beaucoup de distractions… enfin je veux dire en-dehors des choses …euh.. étranges…enfin euh…à répertorier… enfin euh… je veux dire en-dehors des choses normales à traiter pour des mages… » vu les strates du front de Pikurdent et la matière mi-aqueuse mi-huileuse qui les parcourait Eddy se sentit obligé de trouver une phrase passe-partout rassurante…

« Oui, oui je vois bien. »

Le soupir rassuré du condamné qui voit la séparation entre son corps et sa tête reportée à plus tard Mr Pikurdent continua… «  Bah en fait on a comme qui dirait toute l’année une sorte de compétition de saveurs. »

L’air de conspirateur de Mr Pikurdent amennait Eddy à constater qu’il se trouvait au milieu d’un champs de paris inconnus… « Euh…. »

Mr Pikurdent, dans sa lancée, continua «  C’est facile de proposer des gâteaux saveur vanille ou chocolat… mais regardez rien que là pour le petit déjeuner ! Sur les gaufres vous pouvez mélanger au choix la chantilly, les fraises, le caramel, le chocolat, les bonbons gomme, le sucre glace, les colorants, la guimauve, les marshmallows, la confiture, la réglisse, le beurre de cacahuète – bon sang ! Qu’il aimait le beurre de cacahuète !  Pourquoi n’en avait-il pas mis dans son banana split ?! -   ou le coulis de framboise. Vous pouvez même ajouter un mélange pas proposé dans la boite à idées ! »

Eddy tombait des nues… et son estomac des falaises en imaginant le mélange…. « Boite à idées ? »



Mr Pikurdent releva « Oui ! Enfin… que des idées culinaires bien entendu ! Nous les mages monopolisons notre génie  sur les saveurs en-dehors du boulot ! Histoire de gagner le défi suprême de la saveur non explorée en fin d’année ! »

Eddy n’était pas certain d’avoir tout suivi … « Défi suprême ? »

« Oui, oui ! Mais – bien entendu – ça doit rester comestible … et mangeable ! Des tas de mages s’entrainent à manger leurs propres créations pour gagner ! »



Eddy en était à se demander si une bottines rouge accompagnée d’une mauve  ferait l’objet d’un concours de mauvais goût chez les mages lorsqu’il remarqua que Mr Pikurdent  se figeait.

« ça va …. ? »

Pikurdent devenait livide…. « Shhhhhhhuuuut … pas de mouvements brusques !... je viens de remarquer que Mr Plumechon est qur le tabouret à côté de vous ! »

Eddy leva un sourcil … il ne voyait personne à côté de lui… Pourtant les gouttelettes du dessert de Mr Pikurdent qui venaient heurter le sol – split ! split ! split ? Le nom venait-il de là ? – confirmaient que ce devait être d’une importance capitale pour qu’elles soient laissées orphelines d’un estomac de mage…

Eddy regarda encore plus attentivement… un gros matou roux tigré était effectivement couché à côté de lui… Un amas de plis de gras rudement entretenus par une vie consacrée au refus de toute forme d’exercices… avec un ronronnement digne des plus furieux moteurs de camion dernière génération… « C’est LUI Monsieur Plumechon ? »

« Shhhhhhhuuuut…. Il pourrait se vexer ! »

Perplexe Eddy continuait de regarder le dessert de Mr Pikurdent qui dégringolait sur le sol comme une pizza trop fournie oubliée dans un four qui finit par en tapisser les plaques de cuisson …. « Et donc… vous allez vous asseoir près de moi au moins ? »

Pikurdent balançait d’un pied sur l’autre… « Grand dieux non ! Monsieur Plumechon fait sa sieste ! Je ne voudrais pas entrer dans son périmètre personnel ! »

Eddy commençait à se demander si c’était bien prudent de rester là… Bon sang ! Mais c’est qu’il commençait à stresser à cause d’un matou couché sur un tabouret !

« Et alors ! Prêt pour votre évaluation ? ! »

Décontenancé comme une personne qui pense trouver le sol sous son pied lors que c’est un ravin qui se présente, Eddy le regarda « Euh… »

« Vous inquiétez pas ! C’est chouette ! On peut prendre tout le temps qu’on veut pour répondre ! Avec un peu de calcul vous finirez le premier formulaire à temps pour la pause midi ! On sert des pizzas à midi ! et on peut mettre ce qu’on veut dessus ! Du sucré au salé ; en passant par le sûre et l’aigre-doux ! Je veux même bien vous en faire moi-même de ma composition ! » Un sourire chaleureux illuminait le visage de Pikurdent

… Argh ! C’était quoi ça ? Du fromage fondu qui entortillait une feuille de roquette ? … ou des ours en gomme jaune et verts qui avaient décidés de faire un concours de formes fondues parties faire de l’escalade ?

Mr Plumechon battit de la queue.

« À votre place je ne changerais pas de place non plus… des fois que ça le fâche.

Le dernier qui l’a fâché a fini à l’infirmerie avec la moitié des cheveux en moins… des bras en bandages comme une momie pendant 2 semaines… un bout d’oreille en moins… »

Eddy  - complètement abasourdi par les capacités de destruction d’une boule de poil toute chaude et ronronnante -  fit des yeux ronds « Ça  a dû faire bigrement mal ! »

Pikurdent – une goutte de sueur entre les plis de son menton opina du chef (et du dessert ) « Oh ça oui ! J’ai encore mal à l’oreille des fois ! … mais bon hein ! Comme on dit quand t’as pas l’œil t’as la douleur qui te rappelle à l’ordre ! »

« …. ? »

« J’avais oublié mes lunettes…. C’est de ma faute. Je me suis assis dessus… je l’avais pas vu. » Mr Pikurdent regarda Eddy. « Bref… le mieux est d’attendre qu’il ait fini sa sieste et qu’il s’en aille avant de bouger… il est devenu parano depuis ce jour quand il fait une sieste. »





 



Une heures plus tard… autant dire quand Mr Plumechon d’un air paresseux et digne avait sauté à bas du tabouret - comme une vache repue qui aurait gagné le concours des plis et contre-plis de la foire agricole de la fourrure et du gras – et baillé mollement en direction d’un Pikurdent saisi de statufication puis continué d’un pas de sénateur vers sa tournée que lui seul connaissait, Mr Pikurdent emenna fièrement (non sans vérifier qu’il n’arrivait pas dans dans le chemin de Mr Plumechon )  Eddy vers la salle des test.

Plein d’entrain Mr pikurdent  carillonna pour Eddy « Je préfère mille fois une journée avec vous qu’une corvée de récurage des litières de nos pensionnaires ! »

« Euh… Merci du compliment…. Je suppose ? »

Les yeux de Pikurdent figuraient vraiment une chouette qui les aurait plissés avant d’ouvrir le bec… sauf les dents… les dents et ce qui y pendouillait.

« Au fait moi c’est  Sam ! Je suis un peu comme vous ; savez ! Pas de dossier sur les parents… juste un nom quoi ! »

Pris de court Eddy stoppa net.

Pikurdent se retourna. « Bon alors ? Vous venez pour les tests ? Faudrait pas louper le flan aux myrtilles de tantôt ! J’adore les myrtilles ! »